Chers auditeurs,
Nous voilà donc face à des banques sans banquiers, des caisses de supermarchés sans caissiers, des paiements sans contact, des administrations robotisées, des numéros de téléphone qui renvoient à des robots qui, eux-mêmes, nous demandent de consulter le web plutôt que de téléphoner. Nous sommes entrés, sans même en prendre conscience, dans un âge d’isolement technologique où la machine prend le dessus sur l’homme et la froideur des algorithmes domine les interactions sociales.
C’est avec une indifférence qui n’ a d’égale que la logique pure du profit que nos sociétés modernes ont sacrifié l’essence même de ce qui nous constitue : notre humanité, notre besoin de connexion, d’échange et de reconnaissance mutuelle. Ce n’est pas une simple question de commodité ou d’efficacité. Il s’agit d’une transformation radicale qui réduit l’homme à une simple valeur numérique, une donnée parmi d’autres, un simple vecteur informationnel quantifiable. Peut-on vraiment accepter un monde où le simple plaisir d’échanger quelques mots avec une personne lors d’une transaction bancaire est relégué aux oubliettes? Où le contact avec un caissier est remplacé par le bip incessant d’une machine? Où les administrations, censées servir le public, se cachent derrière des murs d’automatisation, rendant toute plainte, tout besoin d’assistance, toute recherche de compréhension quasiment impossibles?
L’ironie réside dans le fait que ces avancées technologiques, censées nous faciliter la vie, nous rapprochent de plus en plus de l’abîme de la solitude. Nous voici contraints à évoluer dans des espaces de plus en plus impersonnels où les écrans tactiles et les voix synthétiques forcent nos moindres mouvements.
J’entends déjà certaines voix proclamer que c’est là le prix du progrès et que nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité. Mais je vous pose la question : jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans cette quête effrénée d’efficacité? Sommes-nous vraiment prêts à renoncer à ces moments de grâce, à ces échanges impromptus qui éclairent nos journées, à ces petites connexions humaines qui nous rappellent que nous ne sommes pas seuls?
Il est urgent de sonner l’alarme, de prendre conscience de l’ampleur de la déshumanisation à laquelle nous sommes confrontés. Nous devons nous interroger sur la direction que prend notre civilisation. Quel est le coût réel de cette course à l’automatisation? Peut-on vraiment mettre un prix sur l’humanité, sur la chaleur d’un échange sincère, sur la richesse d’une interaction authentique? Bien entendu, il ne s’agit pas de rejeter en bloc la technologie, mais de la replacer là où elle devrait être : au service de l’homme, et non l’inverse. L’automatisation a sa place, certes, mais elle ne doit pas empiéter sur ce territoire sacré qui est celui de la relation humaine.
En tant que société, en tant qu’êtres humains, nous avons le devoir de protéger et de préserver ce qui fait de nous des êtres uniques et irremplaçables : des êtres de relation et de langage. Il est grand temps de redéfinir nos priorités, de replacer l’humain au cœur de nos préoccupations, avant qu’il ne soit trop tard. Le réquisitoire est posé : choisirez-vous la froideur de la machine ou la chaleur inestimable de la présence humaine? C’ est la question que la population doit soumettre urgemment au législateur. Bien que ma vision des choses soit pessimiste en cette matière et que je pense que les intérêts de l’ industrie technologique l’ emporteront une fois de plus sur les impératifs vitaux de la nature humaine, j’ ose croire que la situation insupportable qui se dessine finira par faire bouger un peu les lignes. Si ce n’ est pas le cas, nous devrons bientôt nous exclamer ainsi : « Ah, enfin, un être humain ! »
Votre radio est fière de perdurer dans le temps et d’avoir diffusé ses émissions jusqu’ici sans connaître la moindre interruption.
Loin d’être une entité anonyme qui répondrait aux critères désastreux dont nous avons parlés plus haut, sachez, chers auditeurs, que si vous nous contactez à l’adresse info@radio-mercure.org, vous ne resterez jamais sans réponse car notre équipe (faite de véritables êtres humains) prendra à cœur toutes vos demandes, questions et remarques.
Bonne écoute sur Radio Mercure !
Philippe de Sternatz