Éditorial octobre 2024

Chers auditeurs,

En ce mois d’octobre, où nous souhaitons revenir sur le génie de Pérotin,  il convient de rappeler que la polyphonie, cette forme musicale sublime qui atteint son apogée à la fin du Moyen Âge, trouve ses racines dans le chant grégorien. Ce dernier, expression monodique de la foi chrétienne, a servi de terreau fertile à l’éclosion de la polyphonie, qui a enrichi et complexifié le paysage sonore liturgique chrétien.

L’organum, première manifestation de la polyphonie, naît de l’ajout d’une ou plusieurs voix parallèles à la mélodie grégorienne. Cette innovation, loin d’être une rupture, s’inscrit dans la continuité du chant grégorien, dont elle amplifie la beauté et la profondeur. Les maîtres de l’École de Notre-Dame, dont Pérotin, avec Léonin, est le plus illustre représentant, ont porté cette forme musicale à son apogée, créant des œuvres d’une complexité et d’une sophistication redoutables pour l’ époque. La polyphonie médiévale, à l’instar du chant grégorien, est une musique sacrée, destinée à élever l’âme et à la rapprocher du divin. Elle est le fruit d’une réflexion théologique et esthétique profonde, qui cherche à exprimer l’harmonie du cosmos et la grandeur de Dieu. Malheureusement, cette tradition musicale millénaire a été progressivement abandonnée par l’Église catholique, qui lui a préféré des mélodies simplistes et des paroles souvent insipides. Ce renoncement à la beauté et à la profondeur du chant grégorien et de la polyphonie médiévale est une perte immense pour la liturgie et pour la culture chrétienne. A la décadence des élites catholiques correspond la décadence des arts sacrés…

Il est temps de réhabiliter cette musique sacrée, de lui redonner la place qu’elle mérite dans la célébration liturgique. L’œuvre de Pérotin et des autres maîtres de la polyphonie médiévale est un trésor inestimable, qui doit être préservé et transmis aux générations futures. Saluons la France qui nous donna de tels génies !

Du côté de la Belgique, le monde de la musique classique retient son souffle ! Le dimanche 6 octobre 2024, la scène de La Sucrerie à Wavre accueillera un artiste d’exception : Dmytro Udovychenko, le jeune et talentueux violoniste ukrainien qui a récemment conquis le cœur du public et du jury en remportant le Premier Prix du prestigieux Concours Reine Élisabeth 2024.

Ce triomphe, couronnement d’années de travail acharné et de dévouement à son art, propulse Udovychenko sur le devant de la scène internationale. Son jeu, empreint d’une virtuosité atypique et d’une sensibilité à fleur de peau, a séduit les mélomanes les plus exigeants. Sa maîtrise technique, sa musicalité profonde et son charisme magnétique font de lui un interprète hors pair, capable de donner vie aux œuvres les plus complexes avec une aisance et une expressivité déconcertantes.

Le concert de Wavre sera l’occasion pour le public belge de découvrir ou de redécouvrir ce jeune prodige, dont la carrière s’annonce déjà fulgurante. Le programme, soigneusement élaboré, mettra en valeur l’étendue de son talent et de son répertoire. Des pièces classiques aux compositions contemporaines, Udovychenko saura certainement transporter son auditoire avec émotion.

Ne manquez pas cette opportunité unique d’assister à la performance d’un artiste qui marquera sans aucun doute l’histoire de la musique classique !

Philippe de Sternatz

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